Dix doigts ! Avant de présider l’Aventure de la machine à écrire et à calculer, Jeanne Sala a enseigné le secrétariat sur ces machines Japy.
Le musée de la machine à écrire consacre son exposition d’été à Japy, marque omniprésente dans les bureaux, les écoles, les cuisines et même les tranchées.
Pourquoi cette exposition sur la marque Japy ?
Jeanne Sala, présidente de l’Aventure de la machine à écrire et à calculer :
« Parce que cette entreprise a produit de nombreuses machines à écrire dès 1910, à partir d’un brevet américain Remington, modifié pour passer les claviers du qwerty à l’azerty. C’est un vieux projet, nous avions déjà des machines Japy ici. Le président de l’association des amis du musée Japy, dans le territoire de Belfort et la mairie de Beaucourt, nous ont prêté des panneaux et des objets pour compléter l’exposition. »
Vous montrez des produits qui n’ont rien à voir avec l’écriture et le calcul.
« J’ai été étonnée par la diversité des productions. Au départ, le fondateur était horloger. Il arrivait d’ailleurs à produire à moindre coût avec l’installation des toutes premières chaînes de travail. Japy a produit des horloges, des moulins à café, des cafetières, des locomotives, des moteurs électriques et à essence, des pompes, des vis et des boulons, des cafetières et aussi 3,5 millions de casques Adrian pendant la Première Guerre mondiale. Un musée nous a prêté un de ces casques de poilus. »
Que reste-t-il de Japy aujourd’hui ?
« Les pompes sont toujours fabriquées dans une usine, maintenue sous forme de SCOP par les anciens salariés après la disparition du groupe en 1985. Pour les montres, la marque a été rachetée par le joaillier Chaumet, elles sont fabriquées en Suisse. C’est du haut de gamme. »
C’est une exposition un peu nostalgique sur la grande époque du « made in France », inscrit sur tous ces objets.
« Japy était la troisième entreprise française en 1850, derrière Saint-Gobain et Schneider. Elle a employé jusqu’à 5.000 salariés dans les sept usines du Doubs et du Territoire de Belfort. La famille Japy était aussi soucieuse du bien-être de ses salariés, elle a créé des écoles, des villages, etc. »
C’était une des grandes marques de machines à écrire.
« Oui, le principal fabricant en France, l’équivalent dans notre pays de Remington aux États-Unis. La production a été rachetée par Hermès et finalement arrêtée en 1981. C’est d’ailleurs une Japy, la Japy Style, repeinte en rose, qui apparaît sur l’affiche du film Populaire. Lorsque j’enseignais le secrétariat, nous formions les élèves sur des machines Japy, avec retour électrique du chariot. Elles pesaient 17 kg, c’était une corvée de les déplacer d’une salle à l’autre pour les examens ! »
Japy, une marque française aux multiples productions, exposition gratuite jusqu’au 30 septembre à l’Aventure de la machine à écrire et à calculer (Cité de l’écrit).
Propos recueillis par Sébastien Kerouanton
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